Exposition à Bordeaux, janvier 2022 Espace st remi avec l’association Puceart
« Nous sommes partis en Colombie, Humboldt m’a montré ce qu’il a aimé, ce qui l’a frappé. Tout ce qu’il a observé pendant des semaines, des mois, des années.
Ce qu’il a mesuré, classé, analysé.
Il m’a dit aussi sa passion, son émotion face à une montagne, un fleuve.
Il m’a raconté l’excitation de la rencontre avec l’autre, avec celui qu’il n’avait jamais vu. Découvrir son univers, son usage des plantes. Son usage du monde.
Il a fait sienne cette manière d’être arbre, plante, fleur, insecte.
Je lui ai dit comme moi aussi j’étais parcourue par les fleuves. Le Cauca, mais aussi le Magdalena. Je suis née au pays de cet Autre.
Comme j’aimais regarder les orchidées, elles ont piqueté mon regard depuis toujours, leurs formes et leurs couleurs me surprennent encore. Comment dire le premier regard de celui pour qui elles n’existaient pas encore ?
C’était en 1801.
Je n’imagine pas l’émotion qui assaille et envahit ce grand esprit scientifique.
Il y a des montagnes qui m’accompagnent jusqu’ici et coulent toujours en moi. Elles se glissent dans les méandres de la Dordogne, envahissent ses plaines et me manquent.
Je lui ai dit combien la condition des Esclaves s’était perpétuée pour leurs descendants. Ils sont encore drainés sur les bords de notre société, exclus dans la marge d’une grande pauvreté.
Je lui ai présenté cette femme, je vais l’appeler Ana la chanteuse. Anna recherche son mari disparu depuis des décennies. Je lui ai dit combien il est encore douloureux d’être colombienne et d’être à la fois, émerveillée par ce territoire mais marqué par autant de violence et d’injustice.
Je lui ai tout dit en bleu, peut être pour le rendre plus doux.
Je vous propose ici un tableau multifacette, construit avec plusieurs photographies, ce tableau est inspiré du « naturgemälde ». Je vous donne à voir une vision personnelle de cette œuvre, qui parle du lien nature- culture, le lien entre le monde subjectif du « moi » et le monde objectif de la nature. Nous faisons part d’un même organisme vivant.
Natalia Zuluaga